Après la pièce ♥ ft. Eriko

Une exquise citation de Victor Hugo fut lancée en dernière réplique par l'un des comédiens avant que le rideau ne mette fin à la pièce, sous des applaudissements ô combien énergiques tant cette comédie fut enrichissante, notamment pour Eriko qui ne cessait plus d'applaudir les artistes, main dans la main pour un dernier salue au publique. Que de grâce dans son sourire ravi, elle ne lâchait des yeux les artistes, notamment l'un d'eux qui jouait le rôle d'une femme qui s'enlaidissait le jour pour mieux resplendir la nuit, au point d'en devenir méconnaissable. Elle arborait la souffrance qu'était la discrimination physique en prenant le curieux plaisir de faire la surprise « du lendemain » à ses conquêtes, en se dévoilant moyennement vêtue, mal coiffée et sans un soupçon de maquillage. Ajoutez à cela de drôles de manières qui laisseraient vivement à désirer. Naturellement, ces hommes prenaient la fuite. Le jeu était brillant et poussait de multiples fois le publique aux éclats de rires, jusqu'au jour où un homme ne fit guère la différence entre ces deux facettes. L'aspect négligé (et poussé) ne le gênait aucunement, sous la stupéfaction du personnage principal qui ne savait plus réellement quoi penser de sa mauvaise farce. La pièce s'enchaînait en coup de théâtre, scènes aussi bien comiques que romantiques, le tout enivré de paroles sages et émouvantes sur la beauté intérieur. Une réussite, très distinctement. Les artistes finissèrent par quitter la scène en même temps que les lumières guidaient les spectateurs aux sorties de secours. Eriko quant à elle, laissait passer ses voisins de sièges sans pour autant prendre congé.

Seule dans sa rangée, elle relisait les notes qu'elle avait prises dans un carnet parme. L'adolescente avait en effet reprit beaucoup de citations du script dans son livret dont elle pensait présenter le contenu à son futur partenaire compositeur. La pièce l'avait beaucoup inspirée, une ballade sur la beauté intérieure serait de son humble avis, bigrement agréable à chanter. Aussi, elle chuchotait ses favorites avec une mine béat. Décidément, le panneau d'affichage du lycée était extrêmement utile : en deux exemplaires dans les deux dortoirs, ces panneaux orientent les élèves vers des tuyaux fructueux à leurs apprentissages. Spectacles, concerts, livres, films, albums … Ces références à doubles tranchants rapportaient aussi bien aux élèves qu'aux artistes cités. Quatre bonnes semaines depuis le début de l'année pour notre chanteuse sans consulter ce panneau, et pour cause ! Passer devant donnait vivement l'impression de circuler devant un fouillis groupies en attendant leurs artistes dans l'espoir d'avoir un autographe. Un énorme tas d'élèves rassemblés devant le tableau, il en fallait tout juste de quoi décourager Eriko à chaque passage. Finalement, une veillée devant ses cours lui permit d'être sur pieds assez tard pour aller le consulter, discrètement. Et encore, elle n'était pas seule cette nuit-là... Quitte à rester éveillée une nuit sur deux pour aller le relire, l'étudiante n'allait sûrement laisser d'autres filons lui passer sous le nez. Crayon à papier entre ses doigts qu’elle faisait habilement tournoyer, une silhouette troubla subitement sa rêvasserie.

- B'jour !

Un hoquet de surprise s'échappa de ses lèvres velouteuses à l’instant où elle tournait brusquement la tête vers ce timbre enjoué qui venait de la saluer en même temps qu'il prenait place, à sa droite. Si elle s'attendait à trouver un autre campeur dans la salle après le spectacle... L'illustre inconnu se présentait par un jeune homme splendide. Un attirail fulgurant de caractères physiques qui pousserait au combo suprême de la jouissance visuelle. Bon Dieu, qu'il était mignon de son sourire plaisant, ses mirettes dorés et ses cheveux blonds couvert d’une capuche qui lui donnait un style attrayant. Eriko échangea un regard stupéfait avec ce dernier avant de bredouiller quelque chose, tandis qu'un ravissant sourire confus enjolivait progressivement son minois.

- Ah, bonjour... !

Cette petite frayeur en devint agréable surprise. Comme épris dans un élan d’attraction, elle voulut lui demander tellement de choses afin d'agrémenter la conversation. La pièce l'avait-il plu autant qu'elle, avait-il préféré un acteur plutôt qu'un autre … Ce brin de jeune fille intimidée se contenta pour l'instant que d'une simple salutation, par politesse, quoique surtout par timidité. Si charmant, une beauté pareille se contemplerait inlassablement. Assez longtemps pour s’être assuré qu’un tel visage resterait empreint suffisamment en mémoire pour s’en évoquer les moindres aspects quand nous viendrait un sentiment arriéré. Pourtant, Eriko eut grand mal à en profiter. Craintive par nature, ses proches, ses camarades et ses professeurs retiendront sa difficulté à regarder quelqu’un dans les yeux lors d’une conversation. Chose qui devrait se faire naturellement, hormis ce trouble qui l’oblige inconsciemment à détourner nerveusement le regard, étrangement gênée. Elle-même ressent cette contrariété qui l’a plus d’une fois mise dans de sérieux quiproquos. Un peu comme si « ce rejet d’un échange visuelle avec autrui avait un rapport mystique avec ce que dissimule l’individu. Le sentiment fou que leur malveillance assaillirait indirectement les émotions de Eriko, personnage si sensible au monde extérieur ». Nous sommes d’accord, l’une des coachs psychologues de Satome est complètement cinglée. Le problème refit donc surface entre elle et le jeune homme, pour son plus grand malaise. Bilan des faits, une gamine constipée qui ne regarde ce damoiseau qu'une fois toutes les huit secondes. Courage !

[Picture... ♥]

Un autre sympathique rictus aux lèvres de l'adolescent vint en même temps que celui d'Eriko qui s’élargissait un peu plus. Un aimable courant semblait passer entre les deux jeunes gens, fait que la chanteuse inaugura d'un regard plus spontané... Eriko était à l'aise, elle n'oserait en réclamer plus aux événements à suivre. Se donner enfin le courage de l'observer distinctement dans les yeux lui donnait l'impression d'avoir eut récompense à son effort. Un aussi beau garçon… Sans crainte apparente, Eriko l'écouta répliquer d'une voix mielleuse, droite sur son siège et les mains posées sur son carnet.

- Tu ne serais pas à Saotome, par hasard ?

Surprise par sa question qu'elle imaginait hasardeuse, sa bouche laissée légèrement entre-ouverte et ses mirettes ouvertes en grands l'air de dire « This boy is a... Genius ! » témoignait d'une stupeur divertissante à observer. Elle voulut lui confirmer son appartenance à l'établissement lorsqu'elle se fit couper par le blondinet qui ne semblait guère avoir finit.

- J'y suis, moi, et comme l'académie a conseillé de voir cette pièce, je me disais...

Cet adolescent venait également de Saotome, quoi de plus rassurant pour l'étudiante qui commençait à faiblir devant une conversation qu'elle prédisait trouée de blancs ? Elle lui fit l'un de ses radieux sourires Colgate, ravit. Après mûre réflexion, l’idée-même de lui répondre une vielle réplique du genre « mais qu'elle coïncidence ! » lui nouait la gorge. Elle ravala ces mots stupides, par simple logique que d'autres élèves de Saotome auraient été présents dans la salle … «Flûte...». Elle semblait plutôt déçue de ne pas avoir pensée ni essayée de s'intégrer à un groupe d'élèves organisés pour se rendre la pièce. Eriko s'avouait certaine qu'en bonne compagnie durant la séance, la pièce aurait été bien plus agréable. Fort heureusement rien n'était perdue, on avait finit par venir l'a cherchée. Puis elle se considérait "bigrement chanceuse" d'être tombée en si gracieuse compagnie, d'un léger soupire.

- C'est une chance que l'on se soit trouvé... ! commença t-elle d'une voix chétive, et réjouit avant de laissé un léger silence. ...J'avais aussi consultée le panneau d'affichage et le synopsis m'avais beaucoup attirée ! Ah et je suis également de Saotome, dans le but de devenir Idole... et …

Ses démons ressurgissaient, sa concentration ne tenait presque plus, au fur et à mesure qu'elle s'exprimait. Son regard coupa de nouveau tout échanges pour se posé en direction de ses doigts, noués entre eux. Puis elle marqua une pose d'environ quatre secondes. Eriko avait sainte horreur de parler d'elle, même pour se présenter. Jolie mouille ou non, écouter quelqu'un qui ne vous regarde presque pas avec une voix à peine audible agacerait n'importe qui. A moins que vous ne soyez très patient. « Si tu n'as rien d'intéressant à dire, boucle-là ».
Amer en devient le désir de converser avec autrui. Eriko fléchit puis se délivre au silence. Naturellement, on aurait du mal à gober sa perssuasion à devenir Idole.
« Une gosse pareil ? Devant une salle immense à guichet fermé ? Vous n’y pensez pas. » s’était exprimée la conseillère d’orientation sur son cas que tout l’établissement connaissait déjà. Avec Eriko, le collège entier recevait presque une formation IPDS. " Indulgence à Personne en Difficulté Sociale". Prendre garde à ne surtout pas la brusquer, ne pas provoquer de trop grands bruits, ni lever la voix trop hâtivement, rester calme et sur-exercé son oreille aux sons quasi-imperceptibles.
« Il n'y a qu'un problème de communication orale, rien de bien difficile à remédier. » lança la mère. Rien de bien difficile … Cela dure depuis l’école primaire, tout de même. Mais Miharu connaissait sa fille et le monde du spectacle. Elle savait que Saotome possédait des coachs, des psychologues, des professeurs de théâtre compétents…
« Tout ira bien, faites lui confiance. Elle va sur ses seize ans cette année ! On ne peut mettre à l’écart son talent, laissez-là essayé. ». Sceptique mais décisive, les démarches se sont faites, une élève a été acceptée avec un suivit personnalisé.
« Elle fait des progrès. C’est une fille motivée ! » relèveront-ont d’un professeur de théâtre.
Doucement elle releva la tête puis rentrouvrait les lèvres pour souffler son nom.

- Et je m’appelle Eriko. Aisaka Eriko…! Enchantée !

Un bien bel effort. Elle tremblotait légèrement, son visage lui, avait déjà bien mûrit ! Sûrement par allégement. Maintenant, pouvait-elle être certaine d’avoir faite bonne impression ? Ne l’avait-elle pas déjà ennuyée par sa gaucherie ? Le voir quitter sa place ne l’étonnerait presque pas. Elle s’y attendait. S’y préparait. Elle ne pouvait néanmoins prédire qu’une petite larmichette ne perlerait pas par contrariété. Aussi, elle finit par un sourire, aussi naturelle et acceuillant que possible.